Urobilinogène dans l'urine : causes et valeurs normales

L'urobilinogène est un dérivé de la bilirubine souvent présente dans l'urine. Des valeurs élevées peuvent indiquer la présence d'une maladie.
Urobilinogène dans l'urine : causes et valeurs normales
Maryel Alvarado Nieto

Rédigé et vérifié par le médecin Maryel Alvarado Nieto.

Dernière mise à jour : 22 août, 2022

Le test urinaire ou analyse d’urine est l’étude complémentaire la plus ancienne et l’une des plus demandées dans la pratique médicale. L’interprétation des résultats obtenus doit tenir compte du contexte de chaque patient pour éviter les erreurs de diagnostic. Dans cet examen partiel, la présence de certains composés est déterminée, parmi lesquels l’urobilinogène, responsable de la coloration jaunâtre de l’urine.

Habituellement, la concentration d’urobilinogène dans l’urine est évaluée à l’aide de bandelettes réactives. Ces rubans plastiques déterminent divers paramètres grâce à la visualisation de pastilles réactives disposées pour chaque composé.

La comparaison ultérieure de la coloration observée dans chaque pastille avec l’échelle fournie par le fabricant, permet d’estimer la concentration relative de la substance dans l’urine.

Comment l’urobilinogène est-elle produite ?

L’urobilinogène est un pigment issu du métabolisme de la bilirubine. Elle provient en grande partie de la dégradation des érythrocytes.

Dans ce processus, le groupe hémique de l’hémoglobine est transformé en biliverdine, qui est ensuite convertie en bilirubine par une enzyme. Cette molécule, dite “non conjuguée” ou “indirecte” (BNC), a une configuration qui la rend difficile à excréter, elle doit donc se lier à l’albumine, qui la transporte jusqu’au foie.

En atteignant le foie, la BNC pénètre dans les cellules, où elle est conjuguée à l’acide glucuronique pour former de la bilirubine directe ou conjuguée (BC). La configuration plus soluble de cette forme lui permet d’être excrétée dans l’intestin par la bile.

Dans l’intestin, la flore bactérienne transforme une partie de la bilirubine en une série de pigments appelés « urobilinogènes », dont les dérivés donnent une couleur brune aux selles.

La circulation entérohépatique

Une partie de l’urobilinogène est réabsorbée dans l’intestin dans les vaisseaux sanguins, formant la circulation entérohépatique. L’urobilinogène étant un pigment assez soluble, elle n’a pas besoin d’être liée à une protéine pour son transport et est de nouveau excrétée dans la bile.

Cependant, un petit pourcentage reste en circulation. Une fois dans les reins, elle est filtrée dans l’urine, et donne à cette dernière sa couleur ambrée caractéristique.

Couleur de l'urine par l'urobilinogène.
La coloration jaunâtre classique de l’urine est due à l’excrétion d’urobilinogène.

Les valeurs normales de l’urobilinogène

Lorsque le dosage de l’urobilinogène dans l’urine se fait au moyen de bandelettes réactives, la valeur obtenue n’est qu’une estimation. Par conséquent, ce type d’analyse est considéré comme qualitatif ou semi-quantitatif.

Aussi, l’urobilinogène étant un composé facilement oxydable, sa concentration réelle peut être affectée par l’exposition à la lumière, en particulier lorsque l’échantillon prend du temps à être traité.

Les maisons de commerce considèrent qu’une concentration inférieure à 1 mg/dL est dans les limites normales. Cependant, certains auteurs estiment que des concentrations allant jusqu’à 3 mg/dL ne sont pas toujours pathologiques.

L’absence d’urobilinogène dans l’analyse d’urine n’a généralement pas d’importance clinique, en raison de la dégradation facile de ce pigment.

Les causes de l’augmentation de l’urobilinogène dans l’urine

L’urobilinogène en elle-même n’est pas considérée comme un paramètre diagnostique de la maladie, mais il a une utilité clinique dans certaines conditions. Comme il s’agit d’un pigment produit par le métabolisme de la bilirubine, l’interprétation d’un résultat altéré comprend généralement l’analyse du comportement des deux substances.

Les principales raisons pour lesquelles l’urobilinogène est élevé sont décrites ci-dessous.

Maladies du foie

L’hépatite provoque une inflammation et des dommages variables au tissu hépatique. La cause la plus fréquente est l’infection par l’un des virus de l’hépatite.

Dans les formes aiguës, des symptômes non spécifiques apparaissent, puis donnent lieu à la phase ictérique, qui se caractérise par la coloration jaunâtre évidente de la peau et des muqueuses. Cette pigmentation cutanéo-muqueuse est le produit de l’accumulation de bilirubine dans le sang.

Un taux élevé d’urobilinogène urinaire peut servir de diagnostic précoce de lésion hépatique. Pour cette raison, on considère que la présence de manifestations cliniques insignifiantes, ainsi qu’un test d’urine modifié, dans lequel l’urobilinogène est augmenté, peuvent servir de suspicion précoce de maladie hépatique.

Les problèmes de foie provoquent une élévation de l'urobilinogène.
Les maladies du foie modifient généralement le métabolisme de la bilirubine, de sorte que les tests d’urine et de sang sur cette substance donnent des indices pour guider le diagnostic précoce.



Anémie hémolytique

Dans les anémies hémolytiques, il y a une augmentation de la destruction des érythrocytes. Les raisons pour lesquelles ce phénomène apparaît varient.

Plus l’hémoglobine est dégradée, plus la biliribune augmente, avec une prédominance de la fraction indirecte (BNC). Cependant, la fonction hépatique étant inchangée, une partie de cette substance est convertie en bilirubine conjuguée.

Cette légère augmentation du BC permet une plus grande sécrétion de la molécule par la bile, atteignant le tractus intestinal. Là, les bactéries métabolisent ce composé, produisant une quantité légèrement supérieure d’urobilinogène à celle qui est normalement synthétisée.

Cet excès d’urobilinogène est réabsorbé par la circulation entérohépatique, et une partie se retrouve dans l’urine. Une concentration accrue sera enregistrée.



Les conditions qui diminuent l’urobilinogène dans l’urine

Bien que l’absence d’urobilinogène ne soit pas considérée comme évocatrice d’une maladie, la corrélation avec les manifestations cliniques du patient permet à ce résultat d’être d’une certaine utilité. Notamment si les conditions de collecte de l’échantillon d’urine et de son traitement étaient optimales.

Par conséquent, il n’est pas prudent de rejeter la découverte d’une augmentation de l’urobilinogène. Supposer qu’il s’agit de l’oxydation du composé n’est pas toujours correct.

Un résultat négatif dans les urines peut être l’expression d’une pathologie obstructive des voies biliaires. Dans ce cas, le patient présente généralement des douleurs abdominales et un ictère (bien que ce dernier puisse être absent).

De plus, les selles deviennent blanchâtres (acolie) en raison du manque de pigmentation. L’urine, quant à elle, prend une couleur foncée (colurie), due au passage de la bilirubine conjuguée (BC) par filtration rénale.

D’autre part, l’utilisation de médicaments peut également diminuer l’urobilinogène dans l’urine. L’antibiothérapie par sulfamides est le principal représentant de ce phénomène. Il faut donc se renseigner sur les médicaments ingérés par le patient.

Enfin, des recommandations générales doivent être données pour la collecte et le transport corrects de l’échantillon au laboratoire. Cela, afin d’éviter des altérations du résultat.


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